jeudi 21 mars 2013

"Je dessine comme un robot"

Pierre C. dessine depuis 2006 sous le pseudonyme de The Pit. Son travail est exposé à la galerie La poussière dans l'œil à Villeneuve-d'Ascq.

Céline L. - Quand as-tu trouvé ton style  ?
The Pit - Je ne cherche pas vraiment un style... Je suis fidèle à un truc  : dessiner au pinceau et seulement des contours. Pas de zone d'ombre. Je ne sais pas pourquoi je fais ça. Peut-être pour faire comme Hergé. Ça vient de ce que je regardais il y a longtemps. Ensuite, le dessin évolue... Parce que je dessine mieux. Un style ne se forge pas, il y a la technique, et il y a ce que tu regardes.

C. L. - Tu cherches à déconstruire l'image  ?
The Pit. - Oui. J'essaye de dessiner de manière super clean, un peu comme du dessin industriel ou de la ligne claire : les formes sont délimitées par un contour et en même temps j'essaie de le trafiquer pour que ça devienne super compliqué. Après on ne sait plus très bien ce qui est devant, derrière. Oui, ça déconstruit un peu, ça fait des systèmes de raccourcis bizarres, pas du tout réalistes. Sur un visage, il peut y avoir un tout petit œil et un vachement gros, un bras qui est mille fois trop petit, ou mille fois trop long. Ici, la jambe va vers l'avant mais ce n'est pas très logique parce  que la cuisse devrait passer derrière le mollet... En fait, elle passe derrière. Pourtant, c'est bien le gros pied, donc on se dit que c'est celui qui va devant. Ce sont des torsions. Les filles sont un peu tordues.


jalouse footsucker
Jalouse Footsucker, The Pit



C. L. - Quelles sont tes références  ?
The Pit - Au début, c'était Charles Burns. Pour les traits. J'ai aussi regardé à fond Tomi Ungerer, le bouquin qu'il a fait dans les années 60, Fornicon. Il a dessiné de façon super clean des nanas qui se font baiser par des machines. D'ailleurs il disait qu'il essayait de dessiner un peu comme un robot. J'aime bien dire que je dessine comme un robot. Même si après, comme c'est du dessin au pinceau, c'est un peu souple. Ça garde une certaine sensualité... de robot  ! De robot en plastique qui fond facilement. Après j'aime bien le dessin des années soixante. Comme Heinz Edelmann, qui a dessiné la pochette de Yellow Submarine. Avec des formes assez rondes, un peu gonflées, et en même temps assez géométriques. Hairy Who. Le dessin punk aussi… Et des tonnes d’images…

C. L. - As-tu des références en littérature ou cinéma ?
The Pit - Non, la littérature et le cinéma, pas trop. Ou alors... Si... Les trucs un peu gores. La musique est présente, parce que je trouve que mes personnages sont comme des danseuses. Il y a de l'hystérie, comme quand tu danses et que tu rentres en transe. C'est présent, comme le fait de crier...

C. L. - Et tu ne dessines que des filles  ?
The Pit - Des robots aussi ! Il y a des robots ! Il y a des motos, ce ne sont pas des filles. J'ai dessiné des têtes de mort. C'étaient des crânes de mecs, je pense. C'est un peu le truc des pin-up à mon avis. Je dessine des pin-up. C'est un peu con, mais...

C. L. - Elles ont quand même des espèces de bites.
The Pit - Non, ce sont des chaussures, des talons. Mais oui, il y a de la bite ! En fait il y a des hommes ! En ce moment je mets de plus en plus de trucs qui pourraient suggérer... des gros boudins.


pussy galore
Pussy Galore, The Pit



C. L. – Comment ça se passe quand tu dessines pour des fanzines  ?
The Pit - Les dessins, je ne les fais jamais en me disant «  il y a tel mec qui veut telle sorte de dessins pour son fanzine ». C'est super rare que je les fasse comme ça, à la commande. D'abord je les fais pour moi, j'ai mon programme dans la tête, ça marche un peu par séries. Même si ça parait un peu tous les mêmes. Il y a deux-trois thèmes, j'essaye d'aller au bout. Les bagarres de filles, je pense que je suis arrivé au bout. Elles se mordent, elles s'écrasent les pieds... Après le mec me demande ci ou ça et puis je sélectionne dans mon stock.Si ça ne colle pas tant pis pour moi, je ne serais pas publié…

C. L. - Tu fais beaucoup de sérigraphie... C'est un choix commercial  ?
The Pit - Ça c'est l'exploitation des dessins... La sérigraphie, c'est un moyen. En fait je m'en fous. J’aime toutes sortes de supports. Comme être imprimé dans un livre en quadri. Ou sur un pouf… Je suis trop content qu’on me demande des dessins.

C. L. - Tu t'en fous, tu ne vois pas de différence de valeur ?
The Pit - C'est pas que je m'en fous, mais la préparation des fichiers pour la sérigraphie est fastidieuse. J'aime bien que les dessins soient imprimés tels quels en noir et blanc sur du beau papier, c'est cool. Qu'ils soient colorés, j'aime bien aussi. L'offset, j'aime bien, parce que c'est propre, les couleurs peuvent être assez complexes. La sérigraphie je suis moins fan parce que... c'est toujours un peu galère à préparer, à se faire une idée de ce que ça va être, c'est pas évident... Ou alors il faut que j'aille un peu plus loin, que j'en fasse plus. Ce qui me gêne avec la sérigraphie c'est qu'il y a souvent des décalages. T'as toujours un demi millimètre qui bouge, c'est difficile à caler.



I'm dead, I'm dead, I'm dead
I'm Dead I'm Dead I'm Dead, The Pit


C. L. - Pourquoi c'est trash comme ça  ?
The Pit - Ce que j'aime bien dans l'image, c'est qu'elle ait un gros impact. Les images que je préfère regarder, ce sont les images qui pètent, qui te font réagir. Où le message est tellement évident que tu te dis «  putain c'est trop bon  ». En même temps, je ne suis pas sûr que mes dessins soient très impactants, parce qu'ils sont un peu compliqués. Ce qui est représenté n'est pas tout le temps évident. Mais je crois que c'est pour ça que j'aime bien les trucs un peu trash, parce que c'est rigolo. C'est comme un mec qui tombe dans un escalier, il se fait super mal, mais ça fait rire. L'autre jour, on m'a parlé de symbolisme, j'ai dit « non, il n'y a pas de , ça ne signifie rien de plus que ce qu'il y a. » Il y a une nana, elle a le pied dans la gueule de l'autre, et c'est tout. Il ne faut pas aller chercher du sens. Il n'y a pas de sens. C'est plus de l'ordre de l'illustration comique.

C. L. - Hara Kiri  ?
The Pit - Oui, et aussi par rapport au sexe, parce qu'il y a quand même plein de sexe là-dedans. Ce qui me fait marrer dans l'imagerie porno, surtout le porno déviant, c'est que ça paraît souvent ridicule vu de l’extérieur. Se faire prendre en photo dans des trucs... Tu te dis « au secours » et en même temps, les mecs, ils y vont. Ils ont une sorte d'inventivité qui est amusante. C'est comme le gore. J'aime bien quand c'est too much. J'aime bien l'excès.

samedi 15 décembre 2012

Réchauffé de cold wave sauce cabaret

En 1982, le duo nancéien Kas Product, pionnier de la cold wave française, sortait son tube Never Come Back. Ce soir, Mona Soyoc et Spatsz font leur retour à l'Aéronef.

Le public est tout en noir. Ceux qui le peuvent encore portent une longue mèche, noire et raide, raie sur le côté. D'autres ont le crâne rasé. Les manteaux en cuir sont tendus sur des ventres arrondis. Les fans de cold wave ont vieilli et grossi, mais leur garde-robe n'a pas changé. Ils portent la panoplie de l'époque où ils étaient amoureux de la belle Mona. Il plane comme un air de retrouvailles.

D'abord il y a la première partie, l'échauffement avec Guerre Froide, groupe de cold wave aussi ancien que Kas Product, mais moins connu. Une musique vaguement wagnérienne retentit. Le groupe entre sur scène. La musique s'arrête et le chanteur dit « bonsoir, ça va ? » Derrière moi, quelqu'un ricane : « ça valait bien la peine d'envoyer une musique aussi grandiloquente, pour commencer aussi platement. » Ils jouent, basse-guitare-chant sur boîte à rythme, tandis que des images de films allemands et de chantiers - allemands aussi - défilent derrière eux. Le chanteur arbore la même coupe qu'il y a trente ans, mais argentée. « Il a de beaux restes, dit une fille sur ma gauche, mais on sent qu'il est mal à l'aise. » Voix tremblante, mouvements coincés, paroles mimées.

Quelques minutes après le début du set, Jean, un jeune quarantenaire, me dit « c'est marrant de le voir en mode cold wave. Je le connais plutôt en version parent d'élève, pantoufles et tartines de confiture », ajoute t-il. Venu pour Kas Product, Jean a réservé plusieurs mois à l'avance. Guerre Froide, ça ne l'intéresse pas tellement.

Le public reste calme pendant la prestation, les applaudissements sont polis. A la fin du set, Mathieu, hipster à rouflaquettes vêtu d'une veste en peau de poulain, me dit qu'il a aimé le concert. « J'ai trouvé le chanteur très sincère, mais tu ne le dis pas, sinon tout le monde va se foutre de ma gueule », précise t-il en riant.

Pendant la pause, on se rue vers le bar. Boire vite pour tenter de trouver l'ambiance que Guerre Froide n'a pas réussi à installer. Energie post-industrielle, excitation adolescente, transe robotique.

On s'agite en coulisses. La musique de fond s'arrête, signe que le concert va vite reprendre. On se presse pour trouver une bonne place, près de Mona. La boîte à rythme est lancée. Un écran cache l'avant de la scène. « Elle est devenue tellement moche qu'elle est obligée de chanter derrière une bâche », dit une mauvaise langue, déclenchant l'hilarité de son entourage.

Quelques secondes plus tard, Mona apparaît à travers son écran, qu'elle déchire avec un couteau en chantant. Voix chaude, sensuelle, légèrement cassée. Le kitsch de la mise en scène laisse un peu sceptique, mais le public apprécie la vue. La coiffure légendaire est devenue un mi-long commun, mais elle est superbe. Ligne parfaite en slim noir et top à sequins, pommettes sublimes, yeux en amande pour regard de braise. Spatsz, en retrait, pilote les opérations depuis son ordinateur. En quelques minutes, plusieurs personnes me disent : « t'as écrit Patricia Kass Product ? » Je questionne Fred, un vieux fan casquette vissée sur la tête, sur cette tendance music-hall à laquelle je ne m'attendais pas. « Ça a toujours été comme ça, me dit-il, c'est son truc, le cabaret. »

Face à la scène, le public est en folie. Mona fait son effet. Je m'éloigne un peu. Postée derrière deux armoires à glace en tenues militaires (ils parlent de Charlemagne, d'empire, de Pangermanie), je sens un regard porté sur mes notes. C'est Chris, un grand belge plus jeune que la moyenne. Il s'est engagé pour trois dates de cette tournée. « Dès le troisième morceau du premier concert, j'ai été déçu, me confie t-il. Ce côté music-hall... Mais on en reparle à la fin du concert, je te dirai tout en détails. »
Never Come Back commence. Stéphanie, une brune pétillante adossée au bar, est déçue elle aussi. « Je ne peux pas leur en vouloir, dit-elle avec indulgence, c'est ma chanson préférée au monde, je l'ai écoutée tant de fois en version studio que c'est normal d'être déçue. »

Le show continue. Mona se jette plusieurs fois dans le public, silhouette gracile portée par des dizaines de mains. Elle sort un pistolet, un mégaphone, miaule, ondule.

Après le rappel, je rencontre Terpan, qui a passé le concert collé à la scène, en adoration. « Elle n'a pas changé, dit-il les yeux brillants. Voix chaude, sensuelle, magnifique. J'ai fait deux cents photos. Je t'en enverrai si tu veux. »

dimanche 24 juin 2012

Tagada Thuin Thuin

Parce qu'il fallait vraiment une soirée hors normes et parce que j'ai retrouvé le goût du blogging en écrivant ailleurs, laissez-moi vous narrer la fête de la musique à Thuin.
Thuin, charmante bourgade fortifiée à l'ouest de Charleroi, rafraîchie par la Sambre, qui est un cours d'eau, pas une bière. Au pied du beffroi, le comité des fêtes avait installé un chapiteau tout à fait fonctionnel mais non moins confortable, qui nous aurait bien abrité s'il avait plu, ce qu'il n'a pas et c'est aussi tant mieux.
Et sur cette scène pour le moins bucolique, qui avons-nous vu, que l'on croyait déjà mort depuis dix ans ? Marcel Zanini. Eh oui. Tu veux ou tu veux pas ? On ne voulait pas spécialement, mais on n'a pas eu vraiment le choix, vu qu'on voulait voir The Jackets et qu'il fallait bien patienter. Heureusement, à Thuin, on pense à tout, et pour dix jetons de bière achetés, il y en a un gratuit. Ça nous a fait, à quatre, presque trois tournées complètes, ce qui n'était pas si mal pour ce petit tour de jazz. Marcel Zanini, la classe quand même, était accompagné (dixit) des meilleurs musiciens de France. Clone de Bernard Menez, le guitariste, la cinquantaine, était le petit jeune de la troupe. Il jouait assis en tirant une drôle de tronche ("laissez-moi faire caca tranquille"). Le batteur, très vieux, très chauve, avec une chemise jaune pâle, faisait sans cesse de grands gestes aux techniciens, pour leur signifier qu'il n'avait pas de retour. Le pauvre ne s'avouait pas que s'il n'avait pas de retour, c'est parce qu'il est sourd. C'est pas bien d'engueuler les autres pour des choses auxquelles ils ne peuvent rien. Cette petite heure de concert s'est passée plutôt agréablement. C'était riant, même.
Quand le deuxième groupe a fait sa balance, nous avons su qu'il était temps pour nous de découvrir la gastronomie locale, et nous avons dérangé une dame de son match de foot et de son verre de vin blanc pour nous enquérir d'une bonne adresse : "alors comment je vais te dire ça ? Tu suis le mur de Thuin, en bas du mur, tu vas à droite et un peu à gauche, tu descends, tu arrives à la boulangerie et après à la voûte, tu passes sous la voûte et tu tournes à droite, là tu vas voir un premier snack mais faut pas y aller ils vendent pas d'alcool ça moi j'aime pas, tu vas au deuxième j'ai déjà été les frites sont bonnes."
Juste à côté dudit snack, il y avait le restaurant gastronomique de Thuin, sur une péniche. A l'occasion...
De retour au chapiteau le ventre plein, nous avons retrouvé une foule en délire (une petite foule, en petit délire) au son de cet horrible combo allemand de musique bruyante et inaudible avec une chanteuse qui chante très fort et nous nous sommes félicitées, mes amies et moi, d'avoir profité de ce moment pour nous restaurer.
Un rappel et une balance plus tard, les Jackets, from Bern, Switzerland, ont enfin joué, et nous avons compris pourquoi nous étions venues. Quel bon groupe ! Quelle chouette nana ! Quelle belle moustache ! Certains morceaux étaient peut-être un peu mous, mais dans l'ensemble, j'ai adoré. Jack Torera, la princesse à moustache, est belle, chante bien, joue bien de la guitare, se contorsionne occasionnellement, et dessine aussi les pochettes de leurs disques. Et en plus, elle est drôle. Moi, je dis, y a des nanas, heureusement qu'elles n'habitent pas trop près de chez nous, autrement, on serait obligés d'être jalouses d'elles, ou alors copines avec elles (en étant secrètement jalouses). Les gonzesses, quelle connerie.
Enfin, le concert nous a aussi donné l'occasion de voir à l’œuvre quelques gloires locales (notamment une jeune femme qui ressemblait fort à Nadine Morano, en jeune). On sait s'amuser à Thuin. Après que mes amies m'aient fait la surprise de m'offrir un disque pour mon anniversaire, et après que j'ai trouvé par terre un badge avec la tête d'un gars que j'ai d'abord pris pour Jean-Pierre Sauser mais qui était le bourgmestre de Thuin, nous avons discuté avec une demoiselle qui nous a conseillé de revenir à l'occasion dans la région pour voir Mister Cover. "C'est un groupe, il font des reprises, généralement c'est assez rock, et on se croirait vraiment au vrai concert de celui qui est repris. Comme par exemple, quand ils jouent U2, on croirait vraiment qu'on est au concert de U2." Alléchant, n'est-ce pas ?

jeudi 23 février 2012

Hanny The Cat

Mardi soir, Hanni El Khatib est venu faire le matou pour le public du Grand Mix. En première partie il y avait Coming Soon et ce n'est pas la peine de revenir, merci.


Hanni El Khatib, c'est un mélange de Jon Spencer et Chris Isaac. Physiquement, il pourrait participer avec mérite à un concours de sosie d'Elvis (sachant que le costume fait souvent beaucoup). Peut-être pas à Las Vegas, mais à Hénin-Beaumont, il a ses chances.

Dans le but généreux de nous offrir, à nous, les filles, un rock'n roll sexy et suintant, Hanni El Khatib mise entièrement sur sa voix caressante, mais il néglige le rythme. The Rhythm, I mean ! Il nous fait des petits intermèdes à la limite du jazz, sans être assez virtuose pour le guitare héroïsme, et ce sont des breaks interminables (non, j'exagère, c'était pas si long) sur lesquels il n'y a pas la moindre possibilité d'être suffisamment ému pour bouger ne serait-ce qu'un genou. A peine un battement de tête. On sent que c'est surtout un truc pour titiller les gonzesses et les fans des Cramps les moins intégristes. Ceux qui sont contents de montrer qu'ils sont contents d'avoir reconnu une reprise des Cramps, et que c'est pas grave si elle est mauvaise. Human Fly en l’occurrence.

Pendant qu'Hanni El Khatib essayait d'humidifier de la dentelle avec sa voix de velours, j'ai eu une pensée émue pour Kid Congo and the Pink Monkey Birds, dont la musique lancinante, ultra rythmée, et pour le coup ultra sexy entraîne irrésistiblement tout le corps dans une transe indécente. Et là, y'a pas photo. Hanny. Mon grand. Trouve toi un bassiste. Fais quelque chose. Reste pas tout seul avec ton batteur. Il est excellent, mais t'as besoin d'être plus entouré. Je sais que c'est compliqué, plus on a de musiciens, moins les tournées sont rentables, mais c'est pas avec ce genre de calculs que tu vas trouver la voie. Fais un investissement pour l'avenir !

Maintenant, je retire tout ce que j'ai dit, pour parler du tube : Dead Wrong. C'est une super chanson. Très efficace, très accrocheuse. Je suis juste un peu vexée, moi, cible marketing, de tomber dans le panneau aussi facilement. Arg. Heureusement que le reste de ses chansons n'est pas à la hauteur de ce petit bijou de romance rock, sinon, je serais réduite à l'état de groupie aux pieds de ce petit homme indifférent. Médiocre perspective.


mardi 25 octobre 2011

Sono mondiale

Je le dis haut et fort : je n'aime pas le jazz. Enfin, je l'ai dit haut et fort pendant longtemps. Il fut même un temps ou je disais « je déteste le jazz ». Maintenant je nuance. J'ajoute que je n'ai rien contre. Que cela dépend des circonstances. Avec le temps -de là à dire avec l'âge, de là à dire que c'est une musique de vieux- j'apprécie un peu mieux le jazz.

Une exception cependant : depuis que je connais Mulatu Astatke, c'est à dire depuis la sortie du film Brocken Flowers en 2005, en effet, je ne suis pas, contrairement à certains de mes amis, une pionnière de la découverte de la musique éthiopienne ; ainsi donc, depuis que je connais Mulatu Astatke : je l'aime.

C'est pourquoi je suis allée le voir au Grand Mix le 30 septembre, et pas seulement parce que c'était gratuit pour les abonnés. Je suis même arrivée trop tard pour le pot, et pas seulement par snobisme.

La première partie, Imperial Tiger Orchestra, était très bien. Ils ont tenu la promesse de leur nom, même si les musiciens ressemblaient plus à Philippe Laville qu'à Indiana Jones (et puis les tigres vivent en Asie, pas en Afrique).

Quand Mulatu Astatke a commencé à jouer, les premières notes ont suffi pour entrer dans une atmosphère seventies trépidante. Un petit air de maraude dans une ville endormie, au volant d'une voiture longue et souple. Mulatu Astatke, petit bonhomme écureuil, s'active sur son xylophone, il porte un pull en jacquard dans lequel il doit littéralement crever de chaud. Il prend la parole de temps à autres, on n'y comprend pas grand chose mais il a l'air content et c'est bien.

Mulatu Astatke a étudié très jeune la musique au Royaume-Uni et a créé un mix entre jazz occidental et musique traditionnelle éthiopienne. C'est pour ça, j'imagine, qu'il faut parler d'éthio-jazz, et non de jazz éthiopien ("éthio-jazz", j'ai lu ça quelque part, mais je trouve ça assez moche comme nom). C'est un son vraiment particulier, porté par d'autres musiciens comme Mahmoud Ahmed ou Getatchew Mekurya, chez qui on retrouve les mêmes rythmes, la même fluidité, la chaleur des cuivres... Cette musique a une couleur bien à elle, qu'on reconnaît instantanément.

Le concert était super, dans l'ensemble, malgré quelques passages un peu longs : les moments où chaque musicien fait le instrument-héros. Le trompette-héros était époustouflant, par contre, le violoncelle-héros... je n'oserais pas dire qu'il jouait mal, mais en tout cas, ça ne sonnait pas super, et cette partie-là était plutôt chiante. C'était le bon moment pour aller faire le plein d'essence. C'est peut-être juste à ça que servent les solos interminables du jazz.


lundi 17 octobre 2011

Celle de trop

La première fois que j'ai vu Experimental Tropic Blues Band, c'était après un groupe que j'avais trouvé excellent, alors je ne les avais pas adoré. La deuxième fois, j'étais malade. Je brûlais, mais pas pour eux. Je n'en garde pas un mauvais souvenir pour autant. La troisième fois aurait dû être la bonne. C'était vendredi à l'aéronef, au club. Toutes les conditions étaient réunies... Mais c'était pas bien. Surtout le lendemain du concert de C. W. Stoneking, la comparaison est trop raide.


Un concert brouillon, avec un son horrible. La musique en elle-même était moins bien que d'habitude, plus grunge, moins dansante, moins Cramps, moins Gun Club. Et les quelques reprises étaient des massacres. Notamment sur la fin, Pussy Stank d'André Williams, un carnage... sans parler des gens qui sont montés sur scène pour ajouter leur touche poisseuse à cette interprétation déjà médiocre (j'avais d'abord écrit minable, j'hésite).


C'est franchement dommage, parce que le groupe a une bonne base. Le blond a une belle voix, à la Jeffrey Lee Pierce. Le brun est un peu plus trash, mais il a une bonne présence, et ils sont capables de faire de super morceaux. Mais avec des blagues à deux balles et une musique qui ne roule plus comme avant, Experimental Tropic Blues Band est en train de franchir la frontière qui le séparait de la catégorie rigolo-rock. C'est bien, ils pourront jouer au festival rire et rock, mais j'irai pas (ça tombe bien, me diront-ils, ils n'ont pas besoin d'une connasse qui fait la gueule dans un coin).



mercredi 9 février 2011

Nashville Pussy

Si vous voulez vraiment, mais vraiment, savoir ce que j'ai pensé du concert de Nashville Pussy le 2 février au Grand Mix à Tourcoing, vous pourrez trouver ça dans le PepperBack de Février.