samedi 29 mars 2008

Repérages #1

Repérages, c'est le festival international de jeune chorégraphie qui a lieu cette semaine à Lille et Roubaix.

Je n'avais pas vu de danse depuis deux ou trois ans, alors c'était l'occasion de me rattraper. La dernière fois, c'était un spectacle de Maguy Marin, Umwelt je crois, à la Volksbühne de Berlin, et ça m'avait laissée perplexe. Cette expérience m'a cependant permis d'aborder la danse d'une autre façon : regarder les choses comme elles sont, au lieu de considérer ce qui nous est montré comme une étape dans un enchaînement narratif classique ; ne pas attendre de développement, mais profiter pleinement du moment présent (ah, si je savais appliquer cette sagesse à la vie dans son ensemble...).

L'ouverture des Repérages à eu lieu mardi à la Condition Publique de Roubaix, avec deux spectacles de la Cie Passerelle / Pol Coussement (Belgique).

En premier, Copy That. Le dispositif m'a plus intéressée que la chorégraphie en elle-même. Deux rectangles blancs sont posés sur l'avant de la scène, côté jardin. Ils font office de page, d'écran, et d'espace de jeu. Au fond (le plateau étant coupé, avec une profondeur d'environ 6 mètres), un écran blanc, du même format que ceux posés au sol.
Deux filles se placent chacune sur un rectangle au sol, et leur image est projetée sur l'écran du fond, à tour de rôle ou en même temps, avec des mises en scènes différentes selon les séquences.
Au début, c'est un petit dialogue sur Elvis sous forme de bande dessinée. Elles prennent des poses au sol, et leur image (en mouvement), additionnée d'une bulle, est projetée sur l'écran, après avoir été "photocopiée" (un rai de lumière verte balaye la scène, au doux son de la photocopieuse...). C'est tout bête, mais ingénieux, et ça fonctionne bien.
Alors après, il y a tout un jeu sur le modèle et sa copie, mais je n'ai pas le temps de tout raconter. C'était vraiment chouette à regarder.

Pour le spectacle suivant, on nous a fait aller dans une autre salle, qui était, soit disant, plus adaptée. Personne n'a compris, à vrai dire : on était très mal assis, on ne voyait que le haut du corps des danseuses, le bas étant noyé dans une mer de têtes. Mais avec un peu de recul (autre que le recul de la place que j'avais dans la salle), ça m'a paru plus clair.
Sur la scène, 5 danseuses, de dos (trois devant, deux un peu en arrière). En guise de musique, un ronflement qui évoque l'atterrissage d'une soucoupe volante, ponctué de "tut, tut, tut".

Le buste immobile, les danseuses bougent les bras dans tous les sens, dans des gestes rapides et répétitifs.

Le plateau est très sombre, et des ampoules oranges sont dirigées vers le public. Il faut se concentrer pour voir. A part le mouvement des bras, on a l’impression qu’il ne se passe rien et puis on se rend compte qu’elles ont pivoté vers la droite (comme quand on regarde en continu quelque chose qui se déplace très lentement (la lune, ou une plante qui pousse), et qu'on ne prend pas conscience du déplacement). Au bout d’un certain temps, elles sont face à nous. Les bras bougent toujours violemment, comme pour nous dire « allez ouste ! ».

Enfin, les bustes commencent à s’animer aussi, en des mouvements assez saccadés, des déhanchements rapides, ce qui doit être une délivrance énorme pour les danseuses après avoir dû bouger seulement les bras pendant aussi longtemps. Sur ce, de la musique classique retentit (genre, dans les films en costume, la musique pour une chevauchée dans la forêt), et là, c’est surtout pour nous, la délivrance. Ça dure quelques minutes, et puis des spots braqués sur le public s’allument sur le devant de la scène, plongeant les danseuses dans l'obscurité.

Magnifique.


Deux spectacles très différents pour cette première soirée, une très bonne ouverture de festival.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Putain, tu sais vraiment pas chroniquer la danse, contente-toi (si possible) de ce que tu sais à peu près faire... (et encore je suis indulgent en écrivant ça...).

Célionne a dit…

Je ne sais rien faire, j'apprends. Et je tiendrai compte de tes remarques constructives pour progresser.
Merci pour ton indulgence, elle me fait beaucoup rigoler.